Le 8 octobre, le Comité Nobel de Norvège a décerné le prix Nobel de la paix 2021 à Maria Ressa et Dmitry Muratov, « pour leurs efforts visant à sauvegarder la liberté d’expression, qui est une condition préalable à la démocratie et à une paix durable ». (Traduit de The Nobel Peace Prize 2021 – Press release (nobelprize.org))
Le Comité du Prix Nobel essaie généralement de s’adapter à l’esprit du temps. Suggérer que « le journalisme indépendant est menacé de nos jours » serait un euphémisme. Il n’est pour l’heure de meilleure manière d’en attester que d’examiner le cas de Julian Assange, fondateur de la plateforme de lanceurs d’alerte WikiLeaks. Le journaliste australien Assange est persécuté depuis plus de 10 ans et, depuis 2019, sans qu’il n’ait commis de crime, emprisonné r à la prison de haute sécurité de Belmarsh à Londres (également connue comme le « Guantanamo britannique ») dans la simple attente d’une réponse à la demande d’extradition des Etats-Unis.
Il y a à peine deux semaines un reportage publié par Yahoo! News (1) a révélé en détails comment les autorités américaines ont voulu kidnapper Assange à l’ambassade équatorienne à Londres en 2017, et l’assassiner. D’où vient cette persécution vengeresse contre Assange par les autorités américaines et britanniques ? Il n’est pas nécessaire de chercher longtemps pour trouver la réponse. WikiLeaks a révélé des scandales de corruption dans le monde entier, et surtout des crimes de guerre de l’impérialisme américain et britannique en Irak et en Afghanistan,les pratiques de torture de la CIA et les vastes programmes d’espionnage du gouvernement américain sur ses propres citoyens.
Le peu de répercussion dans les grands médias de la persécution d’Assange (silence évident depuis son incarcération à Belmarsh), et l’omission intentionnelle de toute référence à son nom ou à WikiLeaks par le comité du prix Nobel, ne sont pas une grande surprise. Mais en tant que comités de solidarité pour Julian Assange, en tant que citoyens vigilants et en tant que journalistes concernés, nous voulons affirmer que si quelqu’un doit bénéficier d’une reconnaissance pour sa contribution à la paix mondiale, c’est bien Julian Assange !
Une nouvelle série d’audiences concernant son extradition est prévue à Londres, ces 27 et 28 octobre. Nous voudrions insister pour que nos chaînes publiques informent les citoyens sur cette affaire et sur les vastes conséquences pour notre société, au lieu de se taire ou de continuer à ternir la réputation de Julian Assange à travers des mensonges ou autres ragots, comme elles l’ont souvent fait durant les dernières années.
L’initiative de cette lettre ouverte est prise par le comité de solidarité de Louvain pour Assange, qui a décerné en septembre 2021 le « Prix de Lanceurs d’Alerte » à Frank Vanhoutte et Thomas Goorden, les citoyens qui ont révélé le scandale écologique du « PFOS » dans le port d’Anvers, causé par la multinationale américaine « 3M » et couvert par le gouvernement flamand. En 2020, c’est aussi ce comité de solidarité qui a demandé à sa commune de Leuven d’installer une protection des lanceurs d’alerte pour son propre personnel (ce qu’elle a refusé de faire).
Les signataires
- Comité Assange Kessel-Lo (Leuven)
- Comité Free Assange Belgium (Bruxelles et Namur)